nov 27 2007
Sempai, pourkoi tu pleures?
Ryuusuke et Arisa m’ont expliqué un soir où l’on se promenaient dans Shinjuku ce que voulait dire “shuukatsu”. C’est l’abréviation de ”Shuushoku katsudou”. C’est dans le denshijishou : “démarches pour obtenir un emploi”.
- Ca existe en France?
- Déposer des CVs, passer des entretiens? Ce genre de chose? Oui, bien sûr.
Mais j’aurais du leur dire “non”! “Shuukatsu”, ca n’existe pas en France :
Le shuukatsu commence pour les étudiants dès le deuxième semestre de leur 3eme année, c’est à dire un an et demi avant leur sortie de fac. C’est qu’il faut s’y prendre tôt pour s’assurer d’avoir un travail dès la fin de ses études.
Megumi et Erina l’ont bien joué! Elles ont toutes les deux une place assurée d’Office Lady dans une banque. Il ne leur reste plus qu’à penser à leur voyage de jeune diplomée, surement en France, histoire d’avoir l’occasion pour la toute dernière fois de leur vie d’utiliser la langue qu’elles ont apprise pendant 4 ans et qu’elles parlent parfaitement bien (Si vous pensez quel gachi, moi ça me fait pleurer!).
Le mois de novembre est l’ultime limite pour débuter le shuukatsu. Heureusement, notre bien aimée et génialissime éleveuse de bernard l’hermitte a finit ses préparatifs à temps : cheveux reteint en noir, maquillage sobre, elle est allée faire des photos d’identité avec son petit ami, l’aspirateur de soba, le weekend dernier. Ma compatriote française me raconte choquée cette séance de photo où l’on a enfermé sa délirante amie dans un tailleur sombre et écrasé le cou de soba-sama avec une cravate trop serrée (si vous pensez que c’est étrange de se déguiser pour de simple photos d’identité, nous, nous avons trouvé ça barbare).
Je n’ai pas assisté à cette scène de conformisation d’une adorable originale… Mais, j’ai eu ma dose de drame de mon côté.
Ce même weekend, j’ai retrouvé Akiko, la cheftaine du club de folk song ; les filles du club faisaient un concert avec les garçons de l’université technique de Chofu pour la gakusai (oui encore) et elle m’avait invité.
- Tu sais je voulais vraiment aller en France et apprendre le français. Mais tu as du remarqué, je ne sais pas du tout parler alors que je suis en troisième année. C’est à cause de la musique! Depuis que j’ai commencé la guitare, je n’arrive plus à faire autre chose. Mais j’irai un jour! Chez toi? je peux?
- Bien sûr, punkette! Tu me traduiras les paroles du groupe dont tu m’as parlé, celui qui écrit des trucs sales.
Au bout de 8 heures de concert, les garçons de Chofu étaient tous à poil sur scène (bien alcolisés) à jouer les beatles avec casserole, ballon de foot, tuyau d’air conditionné… Puis, pour clore cette journée de défoulement de plus total, Leader-sempai est monté sur scène histoire de dire merci à tout le monde. Mais il n’a pas eu le temps d’ouvrir la bouche qu’il a éclaté en sanglos. Des grosses larmes. Akiko aussi, a commencé à pleurer… Bah alors punkette, tu me fends le coeur là. Lui, je ne le connais pas, je m’en fou mais toi…
- Tu sais, j’ai pleuré comme lui après le concert de notre fac. Je suis comme lui, l’année prochaine je n’aurai plus le temps pour ça… Tu sais, j’ai même pas commencer mon shuukatsu, va falloir que j’arrête de rêvasser maintenant! Ah! Mais tu dois pas comprendre shuukatsu? Je t’expliquerai dans le train!
Oui, explique moi… pourquoi il faut que absolument vous abandonnez vos passions, foutez en l’air des années d’effort, refoulez ce qui fait de vous des gens intéressants pour trouver un boulot.
Enfin bref, maintenant je comprends mieux pourquoi mon cher jeune banquier me parle souvent de ses années de fac en me regardant avec des étoiles dans les yeux ; il les regrette (et moi qui croyait que j’avais une touche…)